Avec l’appui de toutes les communes jurassiennes et de nombreux acteurs de l’économie forestière régionale, la société Thermobois SA est fondée en 1989. Depuis, c’est plus d’un million de mètres cubes de plaquettes forestières (appelées aussi copeaux de bois) qui ont été livrés à des chaufferies du canton du Jura et des cantons environnants avec un volume annuel qui atteint désormais 100 000 m3. Une part prépondérante des plaquettes livrées a permis d’alimenter en chaleur le réseau de chauffage à distance de Porrentruy (Thermoréseau-Porrentruy SA) créé dix ans plus tard. Celui-ci est composé aujourd’hui de près de 500 raccordements et produit en plus de l’électricité renouvelable pour l’équivalent de 2500 ménages.
Valoriser les déchets de coupes et réduire les coûts en forêt
A la base de ces deux remarquables réalisations qui ont permis le développement de la filière bois-énergie sur tout le canton et au-delà en Suisse romande, il y a l’ingénieur forestier Marcel Godinat, alors directeur de l’association jurassienne d’économie forestière (AJEF). La réflexion de départ a été de valoriser les déchets de coupes, qui étaient brûlés alors en forêt, tout en diminuant de 25 % à 30 % les frais de bûcheronnage. Ainsi, la quasi-totalité des volumes déchiquetés proviennent de rémanents de coupes et non pas de bois rond onéreux pour les chaufferies. Décédé prématurément en 2012, c’est son fils Manuel, ingénieur HES en génie thermique, qui a repris la direction des opérations et qui continue de développer activement les deux entreprises.
Une des conditions de la réussite de Thermobois a été la construction dès sa création d’un hangar de stockage à Courchavon. Il reste aujourd’hui le plus grand de Suisse avec une capacité de 20 000 m3 de plaquettes. Alors que les assortiments de bois de moindre qualité sont directement dirigés vers les deux centrales de chauffage du Thermoréseau de Porrentruy, le reste est déchiqueté, transporté et stocké dans le hangar. De juin à août, il va être ainsi soigneusement rempli et les plaquettes vont sécher par fermentation naturelle pendant 3 à 9 mois pour atteindre moins de 30 % d’humidité relative. Les livraisons à la cinquantaine de chaufferies-clientes se feront ensuite par bennes basculante, soufflante ou à fond mouvant, de 40 à 90 m3.
Des qualités de plaquettes adaptées aux installations
Pour les chaudières de petites puissances (< 300 kW), les plaquettes vont être tamisées dans un crible situé dans le hangar pour permettre de contrôler parfaitement la granulométrie en retirant la fraction fine (< 3 mm) et les surlongueurs (> 45 mm).
Ce procédé offre plusieurs avantages pour le consommateur de plaquettes tamisées: l’absence de fines et de surlongueurs assure un fonctionnement sans panne. De plus, la fraction fine des plaquettes a la particularité de concentrer les particules de bois denses riches en minéraux provenant principalement de l’écorce des arbres. Le fait d’extraire cette fraction va ainsi diminuer jusqu’à un facteur 4 à 5 la quantité de cendres produites pendant la combustion et limiter la quantité de poussières fines émises dans le foyer et en sortie de cheminées. Pour le client, le surcoût pour obtenir ce combustible bois de qualité est ainsi facilement récupéré via les économies réalisées sur les frais d’exploitation, de filtrage des fumées et d’évacuation des cendres.
Dès sa création, Thermobois s’est beaucoup impliquée dans le développement des chaufferies à plaquettes pour les collectivités publiques. A partir de ses activités de base – achat de bois, préparation de plaquettes et livraison – l’entreprise les a logiquement étendues ces dernières années à l’exploitation de chaufferies de plus de 70 kW et dans le conseil pour la planification et la réalisation de ce genre d’installations.
L’entreprise de Porrentruy est aujourd’hui composée de près d’une vingtaine d’employés. Forte de son expérience et du dynamisme de son directeur également impliqué dans la vie politique de la Cité brutruntaine, Thermobois compte bien continuer à participer à la transition énergétique et écologique en cours, pour le bien de tous et des forêts de la région. Celles-ci ont en effet un urgent besoin de débouchés viables pour le bois à faible valeur ajoutée qui découle de la prolifération du bostryche et des sécheresses à répétition de ces dernières années.